COVID-19 : impacts sur la sécurité alimentaire

Bel Avenir, partenaire de l'association Partage

La faim dans le monde progresse à nouveau

Avec 17 objectifs, l’ONU annonce en 2015 un objectif de « Faim Zéro » à l’horizon 2030. Au moment de cette prise d’engagement, la faim reculait de manière continue depuis plusieurs décennies.

Depuis, cette tendance s’est inversée :

  • près de 690 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim,
  • soit 8,9 % de la population mondiale (hausse de près de 60 millions de personnes en 5 ans),
  • si les tendances récentes se poursuivent, le nombre de personnes touchées par la faim devrait en fait dépasser 840 millions d’ici 2030.

Ce revirement est la conséquence des récents conflits armés et événements climatiques auxquels vient cette année s’ajouter la pandémie de la COVID-19. En France, les associations de dons alimentaires ont noté une très forte augmentation de fréquentation pendant le premier confinement.

Au niveau mondial, l’ONU estime que jusqu’à 130 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim en 2020. La malnutrition et les carences alimentaires ont progressé à un rythme encore plus soutenu, notamment chez les enfants.

L’impact de la pandémie sur la sécurité alimentaire

Ce sont les répercussions économiques de la pandémie qui ont un impact sur la sécurité alimentaire, que l’on peut définir comme une situation garantissant à tout moment l’accès à une nourriture qualitative et quantitative. L’instabilité générale qui caractérise cette crise a enclenché une récession mondiale majeure, risquant de faire plus de victimes que l’épidémie elle-même. Cette crise impacte la sécurité alimentaire à tous les niveaux, de l’offre des matières premières, leur transformation, leur échange et leur distribution à la demande même de ces produits par le public. Aucune région du monde n’est épargnée. L’impact de cette crise est décuplé par plusieurs facteurs :

  • Dans certaines régions, la pandémie est venue renforcer un cycle de crises multiples. En Afrique de l’Est, la sécurité alimentaire a, cette année, subi une « triple menace » : sècheresses et fortes pluies, invasions de criquets, et COVID-19.
  • Les régions les plus impactées seront celles où l’économie repose sur le secteur informel, telles que l’Afrique subsaharienne, l’Asie du sud, et l’Amérique latine .
  • En l ’absence de filets sociaux, les mesures de confinement impactent très durement le pouvoir d’achat des individus. En Inde, plus de 400 millions de personnes risquent aujourd’hui de sombrer dans la pauvreté.

Qu’en est-il des populations vulnérables ?

La force et la forme de la crise actuelle varient donc en fonction de nombreux facteurs. Cependant, les populations les plus vulnérables sont partout les plus impactées. Au début de la crise, 135 millions de personnes se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire grave et près de 3 milliards de personnes dans l’incapacité d’accéder à une alimentation saine. La résistance aux chocs économiques et alimentaires de ces individus étant très faible, toute baisse d’activité économique, toute augmentation des prix, ou difficulté d’accès à certains produits est une menace.

La pandémie de la COVID-19 exacerbe ainsi les inégalités existantes, telles que celles subies par les femmes, les enfants, les réfugiés, ou les personnes en situation de handicap. Près de la moitié des femmes économiquement actives dans le monde dépendent de l’agriculture, secteur particulièrement sinistré par la crise. Les enfants sont quant à eux nombreux à être menacés par la fermeture des cantines, couvrant habituellement la majeure partie de leurs besoins nutritionnels. La progression de l’insécurité alimentaire impacte à son tour le système immunitaire des individus et ainsi la progression de l’épidémie.

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Discours d’António Guterres, Secrétaire général de l’ONU

« La pandémie COVID-19 montre combien il est urgent de transformer les systèmes alimentaires mondiaux. À l’échelle mondiale, les systèmes alimentaires restent un catalyseur des changements climatiques et de la crise environnementale planétaire. Ils contribuent à près d’un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre et sont en partie responsables de l’appauvrissement considérable de la biodiversité.

Il est urgent de repenser rapidement la manière dont nous produisons, transformons, commercialisons et consommons nos aliments, et la gestion de nos déchets. Cette crise devrait être pour nous l’occasion de rééquilibrer et de transformer nos systèmes alimentaires, afin de les rendre plus inclusifs, plus durables et plus résistants. »

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